Sans-abri : les associations pressent l’Etat de passer à l’acte

Publié le par webmasters94

Depuis plusieurs mois, 19 associations d’aide aux sans-abri ou engagés dans la lutte contre l’exclusion (Emmaüs, Restaurants du cœur, Secours catholique, ATD-Quart Monde, Enfants de Don Quichotte...) font front commun. Elles ont présenté hier 13 engagements qu’elles jugent indispensables «pour que personne ne soit contraint de vivre à la rue».

Robinets. Un objectif partagé par François Fillon. Le Premier ministre avait repris cette formule à l’issue d’une entrevue avec ce collectif associatif le 18 décembre à Matignon. Ce jour-là, le chef du gouvernement avait annoncé la nomination d’un parlementaire en mission chargé de «rédiger un contrat entre les associations et le gouvernement avec des objectifs précis» en matière de lutte contre le sans-abrisme et d’accès au logement des personnes qui en sont exclues. Cette mission a été confiée à Etienne Pinte, député et maire (UMP) de Versailles. Il devrait remettre sa copie le 15 janvier.

Hier, les associations ont répété que l’Etat doit être le «garant de l’accès et du maintien dans un logement décent». Elles jugent donc «indispensable» de mener une politique de prévention, pour éviter que des personnes ne deviennent SDF. «Il est vraiment temps d’arrêter de mettre les gens à la rue», a pointé Olivier Berthe, des Restaurants du cœur. Il a fait allusion aux 10 000 ménages locataires expulsés tous les ans de leur logement par la police généralement pour des impayés de loyers. Et aussi aux sortants de diverses institutions publiques (prisons, armée, foyers de la Dass, hôpitaux psychiatriques) qui basculent à la rue, faute d’un logement ou d’un hébergement adapté pour les accueillir. Les associations demandent à ce que l’on ferme ces robinets qui alimentent le flux des sans-domicile-fixe.

«Cela fait trente ans que les politiques publiques mènent à des échecs dans le domaine de la prise en charge des personnes sans abri», a pointé Hervé de Ruggiero, directeur général de la Fnars (Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale). «C’est un tournant que nous souhaitons, et nous l’avons dit au Premier ministre.» Dans ce tournant, les associations ont tenu à affirmer que «le logement doit être la finalité de tous les dispositifs d’accueil et d’hébergement». En clair, la sortie des sans-abri de ces centres doit se faire par le haut, et déboucher sur un logement pérenne. Les personnes «très cassées» par les nombreuses années de rue, doivent être accueillies dans des structures adaptées et au long cours, type «maisons relais», qui offre à leurs hôtes des appartements individuels et des lieux de vie collectifs avec un suivi social à la clé. Mais il manque 6 000 places dans ces structures.

Mobilisation. Les associations ont également insisté sur la nécessité pour les pouvoirs publics de dégager les moyens nécessaires pour rendre réellement applicable, la loi sur le droit au logement opposable (Dalo). Entrée en application depuis le 1er janvier, elle est censée garantir à tous les mal-logés ou pas logés un logement décent. Ils proposent une mobilisation de tous les acteurs attribuant des HLM (préfet, maires, 1 % logement) pour satisfaire ces demandeurs : 600 000 ménages sont éligibles au Dalo. Enfin, Christophe Robert, de la Fondation Abbé Pierre, a jugé nécessaire de «retirer aux maires réfractaires à la loi SRU», qui impose 20 % de logements sociaux dans chaque commune. S’ils refusent de construire des HLM, c’est le préfet qui se substituerait à eux. 

 

VICTOR NICOLAS et TONINO SERAFINI
LIBERATION : vendredi 11 janvier 2008
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