Le président de l’insécurité

Publié le par webmasters94

Par Jack Dion. Et si la gauche était au pouvoir? L'idée peut surprendre tant sa situation est catastrophique... Mais dans ce cas, les médias ne manqueraient pas de lui rappeler cette nuit de la Saint Sylvestre, illuminée par une forte augmentation du nombre de voitures incendiées. Et Sarkozy serait le premier à réagir. Problème: il est au pouvoir.
 Imaginons que la gauche soit au gouvernement. Bon, cette hypothèse peut paraître saugrenue, tant la gauche est en voie de décomposition avancée. Mais les esprits étant encore embrumés par les effluves des fêtes, on peut échafauder les scénarii les plus improbables.

Supposition...
Imaginons, donc, que la gauche ait en charge les affaires du pays et que la nuit de la Saint Sylvestre se soit soldée par une explosion du nombre de voitures incendiées. Que se passerait-il ? On entendrait les médias monter au front éditorial, vitupérer cette gauche angélique qui nie la montée de l’insécurité (c’est ce que fait encore le sociologue Laurent Muchielli ). On se gausserait de ces bobos de gauche qui ignorent la vie du peuple, et Nicolas Sarkozy viendrait nous expliquer que s’il était au pouvoir, ça ne se passerait pas comme ça.

Le problème, c’est qu’il est au pouvoir, et que ça s’est passé exactement comme ça. Le nombre de véhicules brûlés lors de la nuit du nouvel an s’élève à 1 147, soit 30% de plus que l’année précédente. Drôle de performance. Pourtant, les jours précédents le passage à l’an neuf, on nous avait expliqué que tout était sous contrôle, et que vu le nombre de policiers et de gendarmes mobilisés, les propriétaires de voiture pouvaient festoyer en toute tranquillité. A 1h du matin, le 1er janvier, l’AFP signalait que tout allait bien et que « seuls quelques feux de voitures étaient à déplorer ».

Une fois le bilan réel établi, l’AFP persistait à annoncer qu’il n’y avait « pas d’incident grave ». Michèle Alliot-Marie, ministre de l’Intérieur, publiait même un communiqué pour se féliciter que la nuit se soit déroulée « dans le calme ». Combien faut-il de voitures incendiées pour que l’on daigne considérer qu’il s’est passé quelque chose d’anormal ?

Sarkozy impuissant
Ensuite est venue l’hypothèse de la fraude à l’assurance, à cause des nouvelles dispositions prises par les assureurs pour indemniser les véhicules endommagées. D’où l’on peut en conclure qu’à l’approche de Noël, désormais, certaines familles ont deux préoccupations : acheter une voiture en plastique pour le petit, et brûler la vieille bagnole pour récupérer la prime. Mais, si tel est le cas, pourquoi le Président de la République s’est-il empressé d’annoncer qu’il allait faire passer une nouvelle disposition pour empêcher les incendiaires de passer le permis de conduire tant que les victimes n’auraient pas été indemnisées ?  Pourquoi ne pas proposer de retirer le permis de ces mauvais citoyens qui brûlent leur propre véhicule ?

Soyons sérieux. Ces chiffres attestent tout simplement que Nicolas Sarkozy n’a pas plus réglé le problème de l’insécurité que ses prédécesseurs, bien qu’il ait fait preuve, sur le sujet, d’une lucidité qui leur avait fait défaut. Ce n’est pas une découverte, mais il serait temps de s’en rendre compte, et de ne pas continuer à nous offrir l’image, pour le moins décalée, d’une France calme. On ajoutera même qu’il est autre forme d’insécurité qui est en passe d’exploser, et qui s’appelle l’insécurité sociale.

Une automobile qui est incendiée, à Sarcelles ou à Valenton, c’est un drame. Une entreprise d’automobile qui ferme ses portes pour une idée indéterminée, à Cléon ou à Montbéliard, c’est une tragédie. 

Vendredi 02 Janvier 2009 - 18:27
Jack Dion
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