Pour une réforme globale de notre système éducatif

Publié le par webmasters

Constance Blanchard ( ancienne présidente de l’UNL, militante socialiste du 20ème arrondissement de Paris) réagit au récents propos de Xavier Darcos. 

Contrairement à ce qu’a annoncé Xavier Darcos, ce n’est pas en créant un baccalauréat unique à options dans la filière générale que l’on tirera notre système éducatif par le haut. Une fois de plus, le Ministre de l’Education Nationale se voile la face sur les réelles difficultés que traverse notre système éducatif. A l’heure où le collège unique est mis à mal, envisager la création d’un lycée unique semble être une mesure budgétaire démunit de toute cohérence éducative. C’est en prenant le mal à la racine que l’on permettra au baccalauréat de correspondre à une réelle qualification, pas en s’attaquant au mode de passage de cet examen. Xavier Darcos dit vouloir s’attaquer à « l’omnipotence » de la filière scientifique en rééquilibrant les filières littéraire et économique et sociale. Il est vrai que ces dernières mériteraient de retrouver leurs lettres de noblesse, mais ne s’attaquer qu’à la question du baccalauréat c’est manquer profondément d’ambition pour la réussite scolaire de nos élèves. Aujourd’hui, c’est le système éducatif dans son ensemble qu’il faut remettre à plat. Et ce ne sont pas les chantiers qui manquent : la scolarisation n’est toujours pas obligatoire dès 3 ans, un trop grand nombre d’élèves ne maitrisent pas la lecture et l’écriture à leur entrée au collège, des élèves en grande difficulté se retrouvent déscolarisés dès 14 ans, trop souvent les orientations vers les filières technologiques et professionnelles sont subies ou encore le baccalauréat général ne correspond à aucune qualification. 

L’ascenseur social est en panne, l’école reproduit les inégalités de départ. Pour enrayer cette situation, ce sont de gros travaux qu’il faut mettre à exécution. Parmi eux, la réforme de la carte scolaire doit être une priorité. La carte scolaire ne doit pas permettre qu’aux familles vivant en centre ville de pouvoir y scolariser leurs enfants. 

La carte scolaire ne doit pas contraindre des lycéens à renoncer à suivre la formation qu’ils souhaitent parce qu’elle n’est pas dispensée dans leur secteur. La carte scolaire ne doit pas créer des établissements dans lesquels professeurs et élèves arrivent à reculons. Une réforme d’envergure s’impose. Prendre en compte le réseau de transports urbains, le bassin d’emplois, la proximité avec des lieux culturels et la diversité des cursus proposés dans le secondaire permettrait une amélioration de la situation. Rappelons-le, l’objectif de la carte scolaire est la mixité sociale. Loin d’être atteinte, elle a jusqu’à aujourd’hui davantage contribué à la formation de « ghettos scolaires ». Une autre faille de notre système éducatif est l’orientation des élèves. 

Manque d’informations sur les formations existantes, Conseillers d’Orientation Psychologues en charge de plusieurs établissements à la fois, des élèves en décrochage que l’on préfère envoyer dans une filière qu’ils n’ont pas choisi au lieu de tenter d’apporter une réponse à leurs ambitions sont des réalités répandues. Pourtant, accompagner un élève dans son cheminement intellectuel, apporter des réponses à son questionnement sur son avenir scolaire et professionnel, l’aider à choisir son orientation, devrait faire partie de l’encadrement des collégiens et lycéens. Seul un service public de l’orientation peut répondre à cette exigence.
 
Donner de vrais moyens à l’orientation permettrait d’empêcher que 16 000 jeunes quittent chaque année l’école sans aucune qualification et ferait diminuer le taux d’échec en premier cycle universitaire. 

Malheureusement, comme tant d’autres situations à redresser, le Ministère de l’Education Nationale ne semble pas prêt à s’y atteler. A défaut, Xavier Darcos nous lance de la poudre aux yeux et tombe dans la facilité en instaurant la semaine de quatre jours dans le primaire et en recevant aujourd’hui, lundi 1er octobre, l’association des professeurs de SES. On ne réforme pas l’Education avec des morceaux de scotchs et des bouts de ficelle. Espérons que Xavier Darcos ne tarde pas trop en s’en rendre compte… à moins qu’il préfère laisser pourrir la situation et n’y laisser aucune plume.
 

lundi 1er octobre 2007, par Constance Blanchard in lecourant.info

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article