EADS : Thierry Breton pris en flagrant délit d’omission

Publié le par webmasters

La défense de Thierry Breton dans l’affaire EADS va devenir de plus en plus compliquée. L’ancien ministre de l’Economie explique depuis dix jours qu’il ignorait tout de la cession des actions Lagardère à la Caisse des dépôts et consignations (CDC). Il aurait appris «par la presse», soit le 10 avril, la concrétisation d’une opération qui s’est traduite par une perte de 126 millions d’euros pour la CDC. Mais voilà, sa ligne de défense a été mise à mal hier par le rapport rédigé par l’Inspection des finances à la demande de Christine Lagarde, et rendu public par la ministre de l’Economie lors de son audition devant la commission des finances du Sénat.

Tout en exonérant les services de l’Etat, le texte rédigé par Bertrand Schneiter, inspecteur général des finances, indique que la CDC avait été mentionnée comme acquéreur des actions EADS de Lagardère, dès le 21 février 2006 dans un mémo circulant à Bercy. La révélation s’est faite en direct devant la presse et les sénateurs.

 «De gré à gré». 

 Autant de précisions qui ne convainquent pas les parlementaires. «Pourquoi être sur la défensive à ce point ?» demande Philippe Marini, le rapporteur UMP de la commission. Puis, sans pouvoir s’empêcher de rire : «C’est effectivement naturel de voir la caisse mentionnée. Mais pourquoi avoir pris tant de précautions pour nous cacher cela, c’est ça que je ne comprends pas ?» En sortant de l’audition, les deux hommes forts de la commission en rajoutent devant la presse : «Ce n’était pas crédible de dire qu’on [sous entendu Thierry Breton, ndlr] avait appris cela par la presse», lâche Arthuis. Et même Christine Lagarde enfonce son prédécesseur : «Pour moi ce n’était pas une vraie surprise de voir la caisse des dépôts mentionnée. Pour le reste, il faut interroger Thierry Breton.»

 Défense. 

 L’ancien ministre a intérêt à préparer sa défense. Pourquoi pas devant les députés ? Il a été invité par Didier Migaud, le président de la commission des finances de l’Assemblée. Le calendrier est serré : des 

représentants d’Ixis, la banque qui a vendu les actions EADS à la CDC pour le compte de Lagardère, doivent être entendus mardi. Le 25 octobre, c’est Arnaud Lagardère qui sera devant les députés. Les parlementaires 

vont pouvoir continuer à démêler les fils de l’affaire.

 A la lecture de ces lignes, Jean Arthuis, le président centriste de la commission, ne peut s’empêcher de sourire. Et il demande des précisions à l’inspecteur des finances. Ce dernier, très gêné, essaye de relativiser 

sa découverte. Sur la portée du mémo: «Il s’agit d’un document signalé après-coup qui n’a pas été soumis à un  examen technique» et dont on n’a «aucun moyen de savoir qui en étaient les lecteurs». Sur la mention même 

de la CDC : «il s’agit d’un non-événement pour les services dans la mesure où la CDC fait partie régulièrement  du paysage des investisseurs institutionnels». De plus, la CDC ne sera plus mentionnée lors des réunions 

entre Lagardère et les services de Bercy.

La ministre et l’inspecteur des finances sont arrivés à 19 h 15 au Sénat. Et ce n’est qu’à ce moment que le rapport a été distribué. Sans surprise, il comporte de longs développements pour justifier «la qualité de l’action des services» de l’Agence des participations de l’Etat (APE) et du Trésor. Mais la révélation se trouve page 9. «Lors de mes investigations, écrit l’inspecteur, l’APE a fait état devant moi d’un document daté du 21 février, qui lui aurait été remis par le cabinet du ministre avant la réunion du 20 mars à titre de pure information sans aucune demande d’instruction. Ce document, intitulé mémo , semble provenir du groupe Lagardère et présente les grandes lignes de l’opération telle qu’elle sera officiellement annoncée le 20 mars.» Puis, il cite le mémo : «Il s’agirait d’une opération de gré à gré rendue possible par l’intérêt porté par un groupe d’investisseurs pour l’acquisition durable de blocs d’actions EADS. Ce groupe d’investisseurs comprendrait différents établissements financiers institutionnels français qui gèrent des portefeuilles d’actifs financiers à long terme, dont la CDC.»

 Mensonge par omission .....? Plus le mensonge est gros mieuxçà passe !
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