Fadela Amara est-elle “une femme libre” ?

Publié le par webmasters

Look négligé et vocabulaire des cités, Fadela Amara est un membre du gouvernement qui passe difficilement inaperçu. Invitée de France Inter mardi 9 octobre, la secrétaire d’Etat à la Politique de la ville a jugé “dégueulasse” qu’on “instrumentalise l’immigration”. Celle qui se présente comme une femme libre l’est-elle vraiment, n’est-elle pas elle-même instrumentalisée par Nicolas Sarkozy, la beurette de service, idéal alibi d’une politique immigratoire particulièrement dure qui détourne l’attention des Français de l’actuel enlisement économique?

 

Le problème avec les membres du gouvernement, c’est qu’ils ne se posent jamais la question de savoir pourquoi eux, quelles qualités ont dicté leur recrutement dans l’équipe gouvernemental ? Pour quelques-un, c’est une récompense à une fidélité, une reconnaissance d’une réelle technicité politique. Pour d’autres, la réponse est d’autant moins évidente que leur choix s’inscrit dans la stratégie de l’ouverture.

 

Si les lauréats savent ce qu’ils vont gagner, les honneurs, la médiatisation, ils préfèrent ignorer ce qu’ils vont perdre. Fadela Amara en est le parfait exemple. Les enfants de l’immigration comptent en leur sein des personnalités brillantes dont l’émergence aurait marqué un véritable signe fort en termes de cohésion nationale. Fadela Amara, quelles que soient ses qualités appartient au passé. Quelle peut être la crédibilité d’une secrétaire d’Etat à la Politique de la ville, élue municipale socialiste de Clermont-Ferrand qui en un mandat n’a jamais trouvé le temps de siéger en Conseil municipal ?

Son ascension, elle la doit à son engagement associatif, à la création de “Ni putes ni soumises”, mouvement couvé par le Parti socialiste, dont les agitations ne se sont jamais traduites par des propositions concrètes. C’est donc avec une certaine légitimité que l’on peut douter de l’épaisseur politique de l’intéressée. Fausse rebelle, Fadela Amara semble plutôt victime du syndrome de Stockholm. Otage d’une ouverture sournoise, elle s’est prise d’affection pour ceux qui lui laisse croire qu’elle est des leurs. Elle peut benoîtement déclarer : “Je le dis aussi en tant que fille d’immigrés : y en a marre qu’on instrumentalise à chaque fois l’immigration, pour des raisons très précises. Je trouve ça dégueulasse !”, dans les faits elle cautionne. De quoi justifier les avalanches de compliments, de fleurs que lui adressent ses collègues du gouvernement.

Du coup c’est désormais à gauche qu’elle tape, oubliant d’où elle vient et ses précédents silences coupables : “Je pense que je n’ai certainement pas de leçons à recevoir en particulier de certains députés de gauche qui étaient là y compris quand ils étaient à un moment donné dans le gouvernement et qu’ils nous ont laissé vivre dans des endroits dégueulasses”.

Politique immigratoire toujours plus dure d’un côté et de l’autre, de son côté, rien. Aucun projet visant à donner du sens à l’intégration, au creuset républicain hormis un “plan zéro glandouille”(belle appellation) pour les banlieues présenté en Conseil des ministres. Ce qui ne l’empêche pas de déclarer en marge d’un déplacement à Ermont, dans le Val-d’Oise, où elle était venue visiter un centre socio-culturel et rencontrer des associations de quartier. “Sur le terrain, je n’ai aucun emmerdement pour travailler avec les élus de tous bords pour que ça change dans les cités”.

Alors, quand elle déclare : “J’ai la possibilité de dire ce que j’ai à dire et, très franchement, le jour vraiment où ce sera trop insupportable, le jour où ce sera trop dur, eh bien je partirai”, beaucoup ne voient là qu’un effet de manches. Laurent Wauquiez a beau observer que la secrétaire d’Etat “n’a pas les codes de la langue de bois politique” et qu’elle “apporte de l’oxygène” au gouvernement, il n’est pas besoin d’être grand clerc pour comprendre que Fadela Amara s’est constitué son code à elle. Parfaite dans son rôle de fausse bonne conscience du gouvernement, elle ouvre un boulevard à son collègue clermontois Brice Hortefeux.

 

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