Le retour sur terre de Sarkozy

Publié le par webmasters94

Avec la Lettre A, la chronique de Jean-Michel Quatrepoint.

Pourquoi le cacher ? Il y avait quelque chose de rafraîchissant et de séduisant dans le personnage Sarkozy. Son volontarisme, son dynamisme, son extraordinaire confiance en lui n'ont pas été pour rien dans son élection. Voilà un homme qui pensait que ses rêves pouvaient devenir réalité, qu'il suffisait d'être convaincu pour convaincre, d'aimer pour être aimé et d'avoir raison pour être entendu.
Las ! Ce n'est malheureusement pas ainsi que cela se passe dans la "vraie vie". En quelques jours, l'horizon de Nicolas Sarkozy s'est brusquement assombri. Sur la scène internationale, les camouflets se multiplient. Il ne suffit pas d'embrasser Angela Merkel pour la faire plier. Il ne suffit pas de tutoyer Vladimir Poutine pour le faire changer d'avis sur l'Iran. Et il ne suffit pas de faire des sauts de puce à travers le monde pour se bâtir une stature internationale et définir une nouvelle politique étrangère.
Celle, suivie depuis un demi-siècle, avait sans doute quelques défauts. Mais elle permettait à la France de faire entendre une voix originale dans le concert des nations. Quelques gestes et paroles symboliques malheureuses ont suffi à perturber cette image, sans en offrir une autre plus séduisante. Le droit-de-l'hommisme est un excellent fonds de commerce pour des intellectuels en chambre. Mais pour un État, c'est un peu court.
Sur la scène intérieure aussi, les nuages s'amoncèlent. Là non plus, il ne suffit pas de nommer, par anticipation, l'entraîneur du quinze de France secrétaire d'État aux sports pour en faire un gagneur. Il ne suffit pas de visiter systématiquement les vestiaires des équipes de France pour qu'elles triomphent. Et il ne suffit pas d'avoir table ouverte à l'Élysée pour les dirigeants syndicaux, pour que ceux-ci vous mangent dans la main. Enfin, il ne suffit pas de multiplier missions et commissions pour trouver des solutions et prendre de bonnes décisions.

S'il est un reproche que l'on peut faire aujourd'hui à Nicolas Sarkozy, c'est que son soufflé retombe un peu vite. Il en est ainsi du service minimum. Nous avons tous cru que cette réforme, prioritaire aux yeux d'un grand nombre de Français, avait été gravée dans les tables de la loi, cet été. Or, voilà que l'on découvre, ce jeudi, que la grève est totale. De service minimum, point. Parce que la loi qui a été votée est, en réalité, vide de contenu. Elle définit simplement le cadre dans lequel les partenaires sociaux vont discuter d'un minimum de service… qui existe déjà à la RATP et à la SNCF. La montagne a accouché d'une minuscule souris. Stratégiquement, il eut mieux valu aller au conflit sur ce thème. Plutôt que sur celui des régimes spéciaux, qui permet aux syndicats de se refaire une santé. Le tout, sur fond de morosité générale et de mauvais chiffres conjoncturels.
En réalité, Nicolas Sarkozy a commis une grossière erreur de pilotage macro-économique au départ. Il a fait une politique de relance de la demande d'un autre âge, à travers la réforme illisible des heures supplémentaires. Et il n'a rien fait pour une politique de l'offre. Il ne s'agit pas d'opposer l'une à l'autre. Nul doute qu'il faille faire quelque chose sur le pouvoir d'achat, mais il ne faut, en aucun cas, que cela pèse sur la compétitivité des entreprises. Nul doute qu'il ne faille relancer les investissements dans ce pays, tant privés que publics. Pas n'importe quels investissements, mais ceux porteurs d'avenir. En incitant le capital à s'investir. On a préféré supprimer les droits de succession et bâtir une usine à gaz avec le bouclier fiscal. Résultat : tout le monde risque d'être mécontent.

Retrouvez Jean-Michel Quatrepoint et d'autres informations politique sur le site de la lettre A

 

 

Samedi 20 Octobre 2007 - 10:03

 

Jean-Michel Quatrepoint

 

 
 
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