Guaino : la caricature de Sarkozy ou l’inverse ?

Publié le par webmasters94

La dernière intervention d’Henri Guaino à RTL est révélateur d’un mal profond qui s’installe en France. Ici - et même ailleurs - on parle beaucoup (trop?) de Sarkozy, de sa vie publique/privée - privée/publique - ce qui déclenche des batailles de tranchées entre deux camps résolument opposés. Ce n’est plus 39-49 avec Guy Môquet mais bien 14-18. Selon moi - et les déclarations de Guaino en seront et un point de départ et un exemple que j’espère pertinent de ce mal qui ressemble terriblement et dangereusement au virus ébola appliqué à un peuple - une nation dirait les bonapartistes - et il y aura à l’avenir plus d’un saignement de nez. Guaino paraît calme, mesuré. On est loin avec lui des déclarations sursautantes de Sarkozy au débit haché, aux phrases imprécises, aux redites. Je parle de la forme. Avec Guaino tout paraît policé et le langage flamboyant.

Le combat que mènent certains contre le président se positionne au niveau du champ politique et de sa pensée néocon comme aiment quelques-uns à l’employer. Cependant la démocratie permet - du moins c’est à espérer - lors d’un renversement électoral de changer la politique. Ainsi un mal fut-il important et lourd de conséquence l’élection nous laisse-t-elle l’espoir d’en changer le cours. Mais il me semble que l’on se trompe de combat. Le danger vient d’ailleurs et risque d’être plus long et plus profond. Il tient en grande partie à la personnalité de Sarkozy et à un trait majeur de son caractère la réaction instinctive à tout avec action immédiate pour un seul objectif le pouvoir. Il est en campagne permanente. Sa seule réflexion est pragmatique, obtenir à tout prix le pouvoir et trouver tous les moyens pour y accéder et le conserver. Ce fâcheux penchant a de nombreuses conséquences dont une est gravissime car il touche à un aspect simple de l’identité nationale dont la définition pourrait être de faire partie de façon multiforme d’un peuple qui parle une langue et habite un pays. Alors Guaino et Sarkozy ? Dans cet [article ->http://www.liberation.fr/actualite/politiques/286184.FR.php] Guaino, qui écrit les textes de son président, insiste à de nombreuses reprises sur le discours de Sarkozy comme si Guaino lui-même ne l’avait pas écrit. Il insinue donc que Sarkozy a repris à son compte ces textes et on ne sait plus s’il les a inspirés et que Guaino les a seulement mis en forme ou s’il n’a fait que les lire.

Avant d’aller plus loin comme ce texte sera mon premier article il me paraît nécessaire d’éclairer mon positionnement politique. Je sais que j’ai une partialité chevillée au corps, mais je la regarde comme un tigre dressé qui peut déraper parfois et planter ici ou là ses crocs dans la chair tendre de son dresseur - jusque-là il me m’a pas avalé en entier, du moins je l’espère. Effectivement je suis un anti-sarkoziste primaire, secondaire et tertiaire. J’ai voté Bayrou au premier tour des élections présidentielles et voté Bayrou au second. De ce fait nous pourrons en reparler, mais attention ce n’est pas le débat ici.

Primaire car j’ai un rejet épidermique pour le mensonge, l’arrogance et le mépris dont Sarkozy est un concentré.

Secondaire car il m’arrive aussi de ne pas être aveuglé et de regarder les faits et les idées, et ceux-ci ne sont pas en faveur d’une adoration pour notre leader Massimo.

Tertiaire enfin car Sarkozy déclenche le phénomène dangereux d’aveuglements de toutes sortes et met la France en situation non de s’aimer ou de se respecter - thème éminent de la repentance par ailleurs - mais de se déliter.

De ceci j’accepte donc toutes les critiques, de forme et de fond, justes et injustes. Puisque c’est un combat il y a des coups à prendre. En revanche j’utiliserai une simple méthode, moi qui suis plutôt littéraire -je devrais dire que j’aime plus la lecture que la littérature, autre débat - j’ai eu quelque formation scientifique qui, du reste, ne me sert qu’à en parler car je fais tout autre chose depuis que je travaille, hormis pendant un an un peu de recherche au CNRS. Cette méthode - Descartes au secours - est simple : prendre les faits et leur contexte (ne jamais oublier le contexte) et les comparer entre eux et au discours tenu. Simple et efficace. Le reste n’est que fioritures, argument et ajustement littérature... et cela arrive, de la plus parfaite mauvaise foi. L’outil est la cohérence.

Venons-en au vif de sujet dont cette entrevue au journal Libération n’est pas le point de le départ, mais un complément. Ce qui a déclenché en moi l’envie d’écrire cet article est la déclaration d’Henri Guaino à RTL en regard de la lettre imposée de Guy Môquet à lire le 22 octobre. Par parenthèse mon titre est un peu dévoyé car accrocheur et ici Guaino et Sarkozy sont des doubles dont la caricature est bien le fond de l’article la caricature de l’incohérence de fond de ces deux hommes.

Voici quelques extraits (repris dans Le Figaro pour faire bonne mesure) : "Je ne comprends pas. L’école, ce n’est pas un self-service", a déclaré Henri Guaino. "C’est un très beau texte, ce n’est pas un texte de propagande. Le gouvernement a décidé que c’était un document intéressant. Il demande aux professeurs de le lire", a-t-il rappelé. Il a souligné que les enseignants étaient "libres d’analyser la signification du texte, le contexte historique dans lequel il s’inscrit". Mais "il y a des gens qui préfèrent une fois de plus en tirer l’argument de la division (...) je trouve ça très, très triste", a estimé Henri Guaino.

"Une prise en otage corporatiste".

Interrogé jeudi sur RTL sur le même sujet, Henri Guaino s’était montré beaucoup plus virulent à l’égard des enseignants qui ont annoncé qu’ils refusaient de lire cette lettre. Le conseiller spécial de Nicolas Sarkozy les accuse d’avoir "une attitude purement politicienne" et de se livrer à "une prise en otage corporatiste, idéologique". "Tout ça est très triste, mais amène à s’interroger sur ce que doivent être au fond à la fois l’éthique et les devoirs d’un professeur dont la nation a payé des études, dont la nation paie le salaire et auquel la nation confie ses enfants", avait-il déclaré. »

Le mal qui va nous ronger est en partie dans cette déclaration. Tout le système de Sarkozy est dans le mélange des genres, utilisation éhontée des sentiments, incohérence totale sur le fond et dans la forme. La seule cohérence - et c’est là que c’est grave - c’est le but final : le pouvoir. Tout fait ventre comme aurait dit ma grand-mère. Ces déclarations résument - selon moi - la caricature de ce système où l’amalgame est roi, où la confusion des genres est totale, où la vérité serait unique et édictée par une victoire temporaire et éphémère d’un sautillant paranoïaque à l’ego très dangereusement hypertrophié.

Dans ces courtes déclarations tout ou presque y est : la nation, l’éthique, la politique. Si nous regardons ce texte nous nous apercevons que les déclarations sont totalement réversibles et qu’elles pourraient s’appliquer à justement la volonté de faire lire cette lettre. En basse psychologie de cuisine, on appelle cela une projection : accuser l’autre de ce que l’on est soi-même profondément. Guaino met en accusation les professeurs montant ainsi la nation contre eux. Celui qui nous a pris en otage c’est bien Sarkozy avec cette lettre - et du reste on se demande si Sarkozy ne serait pas une sorte de Dr Faustus qui aurait vendu son âme à Guaino pourvu qu’il l’aide à conquérir l’ultime pouvoir - qu’il impose selon son bon vouloir. Le contenu de l’enseignement des jeunes Français n’a en aucun cas à être dicté par le chef de l’Etat. En aucun cas, un président n’incarne cette nation qui doit enseigner, tout juste s’il la dirige et la représente à l’étranger. Guaino associe donc une volonté - qui au fond est fort détestable - d’un homme à celle d’une nation. Il ne le dit même pas, il affirme incidemment que cette lettre est un texte que la nation réclame et a choisi en toute connaissance de cause. En dehors du fait que cela est proprement scandaleux qu’un désir ou un caprice devienne une règle, le texte et le contexte de cette lettre ne donnent aucun droit à sa lecture. Guaino compare cette lettre à un texte de Victor Hugo. Un amalgame tout aussi suffoquant quand Hugo est un écrivain et Guy Môquet un témoin. Cela n’entre pas dans le même champ et de plus Guy Môquet - paix à son âme - n’est qu’un hasard de la tragédie d’une sale guerre. C’est une victime au sort infiniment triste, mais ce n’est en rien un symbole et encore moins un objet d’éducation scolaire. Du reste, au fond des choses ce diktat éducationnel ne crée en rien une motivation et une exaltation des qualités qui devraient être tournée vers l’avenir - le passé n’est ni une honte ni un oubli, mais par définition c’est du passé - et n’exalte en rien les qualités que l’on aimerait voir se développer : l’ouverture et la curiosité d’esprit, le travail, l’ingéniosité, la générosité. Le contexte de cette lettre est la guerre, la torture, l’assassinat, la trahison. Des exemples français, il y en aurait de bien mieux comme Pasteur, Latécoère, Mermoz, Montgolfier, le Dr Schweitzer (pas l’ancien patron de Renault), Maud Fontenoy pour faire plaisir aux sarkozistes, etc., mais jamais au grand jamais un texte qui sous-tend un héroïsme involontaire, une mort prématurée, un ennemi, qui plus est un ennemi qui est notre voisin immédiat, le tout qui peut développer l’esprit de vengeance et la haine de l’autre.

Pour en revenir à Guaino, il parle d’éthique et c’est que justement il en manque. En effet de quel droit un président impose-t-il un texte à cette nation tant citée ? Quelle éthique a-t-il de l’enseignement pour décréter sans concertation, uniquement par émotion et tactique, qu’un texte doive être lu ? Même à l’armée, il y a le devoir de ne pas suivre un ordre qui serait jugé en contradiction fondamentale avec les règles apprises. Ce droit est même un devoir. Cette lettre n’est en rien un fait historique unique et pertinent pour qu’il soit distingué des autres. Les arguments de fond de Guaino sont de pure forme en fait. Il utilise les mêmes techniques que Sarkozy : culpabiliser l’adversaire, se servir des sentiments, monter les uns contre les autres, montrer du doigt une catégorie de personnes, faire de l’amalgame, utiliser une idée supposée communément admise et la dévoyer. En fait, il fait comme son patron : il mélange tout.

Nous voilà arrivés au cœur de ce mal qui va nous miner : le délitement complet de la nation. Ce délitement n’est pas pris ici au sens moral, mais au sens de la destruction d’une cohésion délicate et non absolue de la France. Cette cohésion est fragile, non totale, mouvante, variable et multiforme et surtout vague, mais elle avait quelques repères, avait car ils disparaissent sous les coups de boutoir de l’incohérence absolue de fond de Sarkozy. En effet, comme je l’ai dit plus haut, la seule cohérence de cet homme est le pouvoir, tout le reste est d’une incohérence totale qui a des conséquences désastreuses. Il agit en fait comme le petit voyou qui peut dire tout et son contraire quand il est pris la main dans le sac, qui persiste dans ses mensonges, qui change de vérité à tout instant, qui se victimise, qui s’insurge, qui accuse les autres. Un voyou utilise tout ce qui est à sa portée pour réussir son coup. Sarkozy dans ce sens-là est un voyou. Du reste son langage et son comportement y font penser.

Voici une série non exhaustive de toutes les incohérences manifestes de Sarkozy, incohérences qui me font questionner avec émerveillement sur le soutien d’airain des sarkosistes. Soit ils sont aveugles à un point qui en devient médical, soit ils sont de mauvaise foi. J’espère qu’un jour l’expression le roi est nu sera une vérité pour eux. Quoi qu’il en soit les exemples ci-dessous ne posent aucune contestation possible.

1- d’abord la plus célèbre d’entre elles : l’ouverture. Il ne s’agit pas là de parler du bien fondé ou non de l’ouverture - du reste il serait facile à démontrer que ce n’est pas une ouverture comme le prouve la très étonnante position de Fadéla Amara qui a déclaré qu’elle resterait au gouvernement même si ce fameux test ADN restait dans la loi, elle aurait donc parlé pour ne rien dire (ici ce n’est pas non plus le débat sur l’ADN, mon propos est la cohérence). Pendant la campagne électorale une des profondes convictions de Sarkozy - et de ses soutiens les plus farouches - étaient : un pays doit être gouverné ou à droite ou à gauche. Il n’y a pas d’autres alternatives. L’élection de Bayrou devenait même dans la bouche de Colombani antidémocratique (un summum il faut l’avouer ce qui est une de mes raisons d’être anti-sarkosyste tertiaire car il déclenche ce type de raisonnement). Souvenez-vous de ce fameux meeting ou le grand clown Sarkozy faisait rire son auditoire en disant avec force tics : « Bayrou c’est boum ! Un coup je suis à droite. Boum ! Un coup je suis à gauche. » Ce qu’il m’est incompréhensible à l’instar de Guaino c’est qu’un soutien de Sarkozy qui a voté pour lui pour faire une politique de droite continue en regard des raisons qui l’ont poussé à voter pour lui et lui garde sa confiance. Il devrait avoir sa raison tourneboulée - il fait le contraire de ce qu’il dit, mais surtout le contraire de convictions profondes - et son cœur déchiré (il les a trahis et ce sans conteste). Dans son discours du 30 mai François Fillon a déclaré que le gouvernement appliquerait à la lettre les promesses électorales du président ce qui de facto exclut toute ouverture. C’est ce que l’on appelle un oxymore comme la lumière noire. Là aussi c’est pour moi un sujet d’émerveillement. Comment peut-on soutenir d’une part l’ouverture et d’autre part la stricte application du programme ? Et encore plus fort - comme disait mon frère qui avait toujours quelque chose de plus fort encore à dire - comment peut-on soutenir ceux qui soutiennent cette thèse de l’ouverture, mais sans doute s’inspirent-ils de cette règle de dévoiement mathématique qui permet d’avoir un carré négatif : i2=-1 cependant ces chiffres s’appellent les imaginaires... ? En fait cette ouverture n’est qu’un aspirateur sans sac à voix et une destruction volontaire de l’opposition ce qui en soi est antidémocratique car si le combat d’idée et la victoire par les idées est juste et justifiée, elle ne l’est en aucun cas par les manœuvres. Et il faut bien voir que cette ouverture n’est que tactique puisque Sarkozy l’a dit lui-même devant ses députés en rogne : "Il faut la continuer parce que ça marche !" Il est évident que cela ne peut être parce que cela marche dans les réformes et pour le bien de la France vu la cacophonie que cela engendre alors que les lois votées ne sont en rien modifiées par cette ouverture. Cela marche parce que cela déstabilise la gauche et maintenant le Modem. Du reste pour preuve annexe, tous les mercredis (mélange de genre car l’Elysée n’est pas l’annexe de l’UMP), il réunit les caciques de son parti dont il est le chef occulte. Les réunions devraient être avec tous les partis, ce serait l’ouverture. Une vraie.

2- en deuxième et dernier exemple je prendrai celui de ce gouvernement. L’incohérence se démultiplie avec le temps qui passe. Les faits sont simples :

a- le gouvernement dans un premier temps est déclaré le plus novateur jamais vu avec les personnalités les plus compétentes en respectant les promesses de Sarkozy : nombre limité et parité.

b- le gouvernement va se mettre au travail immédiatement pour engager le plus vite possible la rupture (déclaration du Premier ministre le jour de son intronisation)

c- les ministres doivent se présenter aux législatives pour être légitimes

d- au gouvernement est appliquée l’ouverture

e- « des ministres vont exploser en vol » propos de Sarkozy selon Morin dans une déclaration diffusée par les journaux.

On va voir l’ensemble impressionnant d’incohérences :

-  non seulement, et de loin, le gouvernement n’est ni limité en nombre ni paritaire hommes femmes, mais ce gouvernement, le premier, n’est en rien novateur car nombre de ministres sont des anciens. Par ailleurs, si ces ministres sont choisis pour leur immense compétence pourquoi a-t-on changé Borloo de place qui s’est tout à coup révélé trop brouillon pour l’économie ? Il l’était déjà avant d’avoir été nommé. Il n’était donc pas la bonne personne à la bonne place. Incohérence.

-  Entre b et c, il y a une impossibilité majeure : se mettre au travail immédiatement à fond et se présenter aux législatives. On ne peut pas faire les deux. Incohérence

-  Entre a et c, il y a une autre incompréhension : les ministres ont été déclarés compétents, ils sont donc légitimes. Une élection ne les rend pas plus légitimes si ce n’est que : 1- il y a mélange des genres, mélange pourtant entre ce qui est constitutionnellement et intellectuellement séparé : le législatif et l’exécutif 2- en rien une élection ne prouve la compétence à gouverner. Incohérence. Mais cela ne s’arrête pas là si c’est une règle elle doit être absolue : tous les ministres doivent la suivre, ceux de ce premier gouvernement (or certains ne sont pas allés au charbon. Quid de leur légitimité ?) et tous les autres futurs. Ce qui par ailleurs oblige à renforcer le mélange des genres l’exécutif viendrait exclusivement du législatif, empêcherait l’ouverture au monde dit de la société civile, est contradictoire avec le d. 3- ils ne travaillent pas pendant leur campagne électorale. 4- ils se moquent de leurs électeurs car ils ne seront pas présents à l’Assemblée. Incohérence.

-  Entre d et b, du déjà vu, c’est l’oxymore. Incohérence

-  Entre e, a et c. Comment des ministres peuvent-ils exploser en vol s’ils sont soit compétents (a) soit légitimes (c) ? Incohérence.

La conclusion de tout cela est que Sarkozy a une extraordinaire incohérence de fond. Il pratique la contradiction interne en art, mais surtout en virus lent et nocif pour nous. L’essentiel est là dans la perte progressive, mais bientôt totale de repères. On se rend compte que mis à part une journée où un tableau clair du gouvernement est apparu : gouvernement de droite qui applique un programme, tout peu à peu se brouille : il faut se légitimer, on ne travaille plus, mais on fait campagne, on applique une ouverture non promise, on a des déclarations contradictoires qui s’amplifient, des désaccords nombreux et bruyants, la confusion la plus totale s’installe entre le législatif et l’exécutif qui devrait être renforcé par le droit du président à parler devant l’Assemblée nationale, par le fait que les conseillers comme Guéant et Guaino parlent abondamment dans les médias alors que pour le coup il n’ont ni été élus et ni n’ont de pouvoir exécutif (le débat du pouvoir occulte est ailleurs), le porte-parole de l’Elysée est en campagne pour la mairie, le site internet de la présidence est monarchique, la presse appartient aux financiers proches du pouvoir, Sarkozy s’entoure d’amis bruyants et voyants, des tricheurs comme Virenque ou Jonnhy, il est soutenu par des Tapie et des chanteurs sur le retour, mélange de vie privée et publique, mélange de l’argent et du pouvoir, mélange entre l’idée de la saine réussite et de l’étalage bling bling, mélange entre arguments raisonnés et émotion réactive, mélange entre gouvernement de fond et immédiateté, confusion entre élection ponctuelle et le droit de tout faire, confusion entre élection ponctuelle et l’interdiction au droit de s’opposer. Un exemple qui - pardonnez-moi cette expression - est exemplaire. Ce sont les députés du Nouveau Centre avec ministres au gouvernement dont un futur repris de justice et un autre au zénith des sondages avec 20 % . Ils ont claqué la porte du MoDem car ils avaient été élus avec des voix de droite. C’était leur formidable argument. Et maintenant que Sarkozy fait l’ouverture, que vaut cet argument ? Ils devraient immédiatement quitter le gouvernement pour les uns et la majorité gouvernementale pour les autres et créer un groupe de centre dit CED (centre élu par la droite). En d’autres mots c’est le grand cirque Barnum. C’est le mouvement brownien de la politique qui fait qu’avec le temps et la dépense d’énergie, le désordre va en augmentant.

Le grand danger est donc dans cette incohérence croissante et la perte inéluctables des repères. Cette perte est dommageable. En politique, elle a deux effets : la tétanie de l’opposition et la défense aveuglée des sakosystes. En matière d’information cela devient une folie exponentielle. Les journalistes ne savent même plus ce qu’ils doivent faire, n’ont plus aucun recul. Qu’ils soient anti ou pro-Sarkozy, sous l’avalanche d’information, les contradictions, la peur de rater une information, la peur de trop en faire, ils nous inondent de Sarkozy. Ils finissent par être des clones involontaires avec pertes de repères pour eux également, entre scoop et éthique, important et négligeable, fond et forme, respect et droit à l’information. Certains le dénoncent, mais le piège est hermétique. Ici en d’autres mots : la presse c’est le grand foutoir. Ce danger est que cette incohérence magistrale entre peu à peu en nous à cause d’une perfusion permanente de l’information, des images et de la démonstration que non seulement l’incohérence a le droit de cité, mais de gouverner et de s’exposer en modèle. Et dans nos esprits c’est la plus grande confusion qui s’installe. Une règle des contes pour enfant est que la parole y est performative. Sarkozy a la parole. Toujours. Tout le temps...


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Publié dans Notre Seigneurie

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