La France n’a plus de majorité... ni d’opposition
Certains faisaient mines de pavoiser, d’autres faisaient grise mine... Mais a tout prendre, il n’y eut hier soir que des perdants. Et la démocratie, dans la France de Sarkozy, tangue sérieusement...
La majorité qui pavoise sait bien, au fond d’elle-même, qu’elle vient de subir un cinglant désavoeu. Avec une abstention jamais égalée, l’UMP atteint à peine 29 % des voix. Moins de 5 millions d’électeurs dans un pays de 60 millions d’habitants. Il ne pèse pas bien lourd notre Obama de poche.
D’autant qu’il n’a pas d’alliés. 71 % des Français ont voté contre Nicolas Sarkozy. C’est une claque.
En ajoutant des non alliés mais susceptibles de report, le FN et les Villiéristes, on atteint péniblement 39 % pour la droite. L’inverse exact du premier tour de la présidentielle. Ce n’est pas énorme. Surtout quand on songe que l’électeur de droite n’est guère abstentionniste, et qu’une plus forte mobilisation aurait coûté cher aux sarkozystes.
Mais en face, il n’y a rien. Sur les 71 % d’adversaires de Sarkozy, le parti le plus fort se hausse péniblement à 16 %. Les 61 % d’électeurs de gauche se ventilent en une incroyable somme de mouvement qui contemplent leurs trajectoires sans vouloir le moins du monde tenter de les infléchir.
Nous sommes devant un champ de ruines. Pouvoir faible, opposition anéantie. Nous commençons à payer les fruits de la pratique du pouvoir sarkozyste : division des français, manipulation des cartes, brouillage des pistes... Et pendant ce temps là, libertés publiques bafouées, puissances d’argent cajolées, médias manipulés.
Certes, l’opposition a une lourde responsabilité dans cette situation. C’est même une lourde faute. Mais la responsabilité première revient à Sarkozy : tout entier préoccupé d’anéantir l’adversaire, il laisse son propre camp s’enfoncer.
Hier a été un jour d’écoeurement et de nihilisme. Que le gouvernement ne s’y trompe pas : dans notre vieux pays républicain et régicide, une telle absence des Français à un rendez-vous électoral n’est pas un blanc seing. C’est une sourde réprobation qui comporte sa part de menaces.
- Anglade
Source : BETAPOLITIQUE